Oser la résurrection

Hier, jour parfait pour jardiner, tailler les vignes, des rosiers grimpants et des hortensias.

Besogne idéale pour philosopher sur la venue du printemps, sur le renouveau de la nature, sur la beauté des fleurs du jardin, depuis la modeste primevère sauvage jusqu’au fier hellébore noir qui vit la fin de sa floraison. Un régal pour les yeux, pour le cœur, pour l’esprit.

Moment de réflexion aussi sur la nécessité d’émonder, de réduire, de faire mal aux plantes pour qu’elles n’en sortent que plus belles, plus solides, plus fécondes.

 

Aujourd’hui, les vitres de la pièce où j’écris sont constellées de perles de pluie, c’est le moment de passer à d’autres occupations aussi inspirantes en ce temps de la Passion.

 

Comment vivre ce temps ? Comment vivre tout court ? Comment vivre en disciple de Celui qui s’est donné entièrement pour nous ? Comment mettre en pratique ses enseignements si radicaux du sermon sur la montagne par exemple ?

Désirons-nous vivre une vie pleine de sens, de paix, de joie, de bonheur même ? Je ne vais pas vous donner de recettes. Qui suis-je pour le faire ? Juste me poser des questions.

 

Où nous situons-nous ? Au jardin des Oliviers, endormis alors que le Maître souffre d’angoisses, qu’il voit sa prière d’échapper à la mort ne pas être exaucée et que, finalement, il se soumet à la volonté de son Père ?

Sommes-nous, avec Pierre, dans cette cour de malheur, occupés à renier, aussi fort et aussi lâchement que lui, Celui avec qui nous avons vécu des jours forts, des expériences bouleversantes ?

Sommes-nous dans la foule qui hurle « crucifie », qui choisit le bandit et condamne l’innocent ?

Sommes-nous au pied de la croix, désolés de ne pas avoir pu empêcher ce massacre, honteux de ne pas avoir été assez courageux pour protester ? Ou simplement ravagés par le chagrin ?

Nous sommes-nous enfuis de peur de subir le même sort –on ne sait jamais, avec ces gens-là- et qui regardons anonymement et de très loin le supplice ?

 

Dans tous les cas, nous avons poussé dans tous les sens, comme mes hortensias, et le Jardinier aura bien de la peine à travailler entre les plants. Mais au fil de la taille, Il allège les plantes, coupe le bois mort, dégage les bourgeons, embellit le massif.

Allons-nous Le laisser agir, supporter la coupe, nous laisser modeler ?

Allons-nous, Eglises, Le laisser agir et faire taire nos natures embrouillées de rancunes, aigreurs, frustrations, déceptions… ?

 

Allons-nous enfin quitter le deuil de vendredi saint et saisir le sens du don qui nous est fait, un don transformateur qui nous conduit au matin de Pâques ?

Irons-nous avec nos aromates mortuaires vers le tombeau du Maître, pour l’embaumer définitivement (Il sera moins gênant et envahissant dans nos vies) ou bien les laisserons-nous tomber en chemin, dans notre course vers la joie de savoir qu’Il est vivant, définitivement, près de nous, en nous ?

Allons-nous le reconnaître ou le prendre pour un quelconque jardinier ?

 

Allons-nous nous précipiter vers les autres pour leur annoncer la bonne nouvelle ?

Allons-nous rayonner de la joie de vivre en Sa compagnie ?

Allons-nous quitter nos visages de carême pour la lumière de Pâques ?

 

Allons-nous oser la résurrection ?

Que fleurissent les hortensias !

 

Yvette Vanescote

 

Image : couleur sur Pixabay

Toutes nos actualités ici.

arrow